The French MillenniuM Database
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Liste des épisodes - Vue Globale



#MLM100 - La Seconde Venue / Pilot
#MLM101 - Le Visage De La Bête / Gehenna
#MLM102 - L’Empreinte De La Mort / Dead Letters
#MLM104 - Le Juge / The Judge
#MLM105 - Le Complexe De Dieu / 522666
#MLM103 - Desillusion / Kingdom Come
#MLM106 - Parenté Sanglante / Blood Relatives
#MLM107 - Un Verrou Sur Le Coeur / The Well-Worn Lock
#MLM108 - Meurtres Sans Effractions / Wide Open
#MLM110 - Angel / The Wild And The Innocent
#MLM109 - Mauvaises Graines / Weeds
#MLM111 - Amour Immaculé / Loin Like A Hunting Flame
#MLM112 - Force Majeure / Force Majeure
#MLM113 - Les Blessures Du Passé / The Thin White Line
#MLM114 - Le Sacrement / Sacrament
#MLM115 - Le Pacte / Covenant
#MLM116 - Les Jumeaux Diaboliques / Walkabout
#MLM117 - Lamentation / Lamentation [Part 1]
#MLM118 - Les Principes De La Domination / Powers, Principalities, Thrones And Dominions [Part 2]
#MLM119 - Un Monde Brisé / Broken World
#MLM120 - Yaponchik / Maranatha
#MLM121 - La Colombe De Papier / Paper Dove [Part 1]



Patience, Angoisse, Pourquoi ?

La première saison de MillenniuM est certainement ce que la télévision a fait de plus noir depuis son invention. Frank Black, un ancien agent du FBI, allait commencer une lutte impitoyable contre d'abominables tueurs en série et contre le Démon, en compagnie du Groupe Millennium, une organisation mystérieuse clamant la venue imminente d'évènements graves pour l'an 2000.
Cette saison présente les personnages principaux de la série et met en place quelques éléments mythologiques de haute importance. Les thèmes de la fin du monde, de la présence d'anges et de démons sur Terre ainsi que des croyances religieuses du Groupe Millennium sont déjà abordés. Mais l'essentiel de la première saison est consacrée au profilage des serial-killers et au parallèle entre ces derniers et le Mal à l'état pur. Dès lors les morts se multiplient.
Sur ce point là, la saison ne prend pas de gants et va beaucoup plus loin dans l'horreur. Cadavres mutilés, tortures psychologiques, meurtres barbares, viols d'enfants, démons sanguinolents, fantasmes immondes, ossements humains et croyances apocalyptiques sont les ingrédients de la première année de MillenniuM : un véritable cauchemar, mais qui n'est malheureusement pas que de la télévision. La Saison 1 est tristement réaliste et la regarder en considérant ce fait est grandement instructif. L'être humain est un véritable démon au sens propre du terme, et l'espoir en un avenir meilleur s'avère la seule solution pour ne pas sombrer dans la folie. Frank Black se bat seul contre le Mal, car les autres ferment les yeux, et c'est bien là la signification du slogan de la saison : Wait, Worry, Who Cares ? Nous attendons, nous nous tourmentons, qui s'en soucie ? Personne ne se sent concerné, chacun cautionne par son silence, et la résultante est l'étalage d'horreurs grandissant de cette première saison. Armé de son humanité et de son Don, Frank dressera le profil de nombreux assassins monstrueux.
Qu'il s'agisse du Français, ce tueur enfermant vivantes des personnes mutilées dans des tombeaux
(La Seconde Venue), ou bien de Joe Bangs, ce père de famille qui viole ses filles tout en restant intouchable (Un Verrou sur le Cœur), ils sont tous maléfiques. Les tueurs les plus odieux sont examinés sous toutes les coutures : un psychopathe démembrant des femmes dans sa camionette (L'Empreinte de la Mort), un homme tuant ses victimes avec des méthodes datant de l'Inquisition (Désillusion), un malade faisant ingurgiter de force son sang aux personnes qu'il maintient captives (Mauvaises Graines), un terroriste maniaque des explosifs qui se prend pour un artiste de la mort (Le Complexe de Dieu), un meurtrier en série naissant qui mutile des chevaux (Un Monde Brisé), bref la liste est longue. Bienvenue dans le monde de Frank Black, bienvenue dans notre monde. Un monde égoïste et gratuitement cruel semble dire Chris Carter, qui dirige toute l'excellente première saison. Et contrairement à ce qu'ont dit les critiques, ces épisodes de MillenniuM ne sont vraiment pas abusifs dans la noirceur qu'ils attribuent à nos sociétés et à l'Homme : il est absolument terrifiant de constater que l'on retrouve la Saison 1 de MillenniuM dans chaque journal télévisé quotidien. Le premier tiers de la série est d'un réalisme franchement effrayant, elle n'hésite pas à nous convaincre que l'être humain est capable des pires horreurs, et préfigurait déjà en 1996 le chaos moral et psychique que nos civilisations occidentales vivent actuellement : perte des valeurs humaines, meurtres gratuits, viols en série, peurs et paranoïas diverses, rejet à la fois de la science et de la religion, angoisses millénaristes, amour de plus en plus inexistant. La première saison de MillenniuM est, malheureusement, visionnaire.
Cette première année est également ponctuée de créatures diaboliques et mystérieuses. Le leader d'une secte destructrice qui se complaît à brûler vif ses membres insoumis dans un four crématoire, Ricardo Clemett, n'est rien d'autre que le Démon incarné en homme
(Le Visage de la Bête). C'est aussi le cas par exemple du Juge sous-traitant des ex-taulards devenus sanguinaires, qui se déclare lui-même comme étant le satanique Légion (Le Juge), ainsi que de Lucy Butler : elle est la concentration de tous les diables de l'univers. Créature séduisante aux multiples visages, Lucy Butler devient déjà l'ennemie ultime de Frank, en tuant son ami de la police Robert Bletcher (Lamentation). Seul contre le Mal, Frank se rapproche dès lors un peu plus du Groupe Millennium et de son superviseur et ami, Peter Watts. Leur relation est simple, il s'agit de travailler comme des collègues à la capture des criminels, Frank en tant que consultant du Groupe, Peter en tant que membre du Groupe. Leurs premières frictions interviennent dans l'épisode Les Jumeaux Diaboliques. Cette collaboration d'investigation entre Millennium et Frank nous amène à rencontrer plusieurs membres de l'organisation. Dans ce premier acte de la série, Peter Watts est montré comme un homme bon et un excellent enquêteur, mais il manque un peu de relief, même si son charisme est déjà évident.
La Saison 1 est celle qui comporte le plus de scènes de famille. Frank trouve la force de vivre dans ce monde suintant de pourriture auprès de sa femme Catherine et de sa fille Jordan. Accumulant dépressions et désillusions quant à l'avenir, Frank ne doit sa survie qu'au soutien de sa famille, qu'il désire protéger avec fougue du monde extérieur, tout en sachant que c'est impossible. C'est aussi pour offrir à sa fille une Terre plus belle que Frank se bat. Durant cette première saison très noire et pessimiste, les passages de bonheur familial sont les rares touches d'espoir auxquelles se raccrocher pour croire en un futur meilleur. Chris Carter dit ici que seul l'amour peut sauver l'Homme : soyons tous comme Frank Black, aimons les gens, chérissons notre famille et le monde ne sera plus barbare et répugnant. Frank avait déjà du mal à protéger sa fille auparavant, mais la situation empire quand il apprend qu'elle est aussi dotée d'un Don. Néanmoins, durant la première saison, un doute subsiste quant à la véracité du Don de Jordan. La famille Black s'affaiblit peu à peu sous l'influence du Mal, et subit la menace d'un envoyeur de polaroïds mystérieux qui épie Catherine et Jordan. Ce dernier s'en prendra même à Catherine lors du cliffhanger de la saison
(La Colombe de Papier). Mais bien avant son rapt, Catherine Black aura eu deux épisodes plus ou moins centrés sur elle pour se révéler : Meurtres sans Effractions et surtout le superbe Un Verrou sur le Cœur.
Ces 22 très bons épisodes comptent très peu d'humour. Hormis quelques scènes familiales légères et toute une série de blagues sarcastiques de la part de l'inspecteur Giebelhouse, cette première saison est un long cauchemar sombre, décadent et réaliste. Le vocabulaire utilisé n'a pas facilité les choses non plus car très savant et parfois choquant, il est l'archétype du langage des profilers : entendre les termes de défécation, sperme, décapitation ou apocalypse était relativement inédit dans une série télévisée. Cette noirceur presque épouvantable, qui culmine dans certains épisodes comme
Le Visage de la Bête ou Un Monde Brisé, a condamné la Saison 1 à collectionner les mauvais scores d'audience et les critiques négatives dans les médias, qui n'ont jamais tenu compte des indéniables qualités narratives, visuelles et dénonciatives de la seconde œuvre de Chris Carter. Le parallèle avec la série Profiler, l'attitude agressive de la FOX envers les sites internet MillenniuM et le boycott de multiples mouvements catholiques ont fini par enterrer l'audimat de la géniale première saison.
Vient alors le houleux débat de la violence de la saison : les épisodes étaient-ils trop gores et trop gratuitement violent ? C'est ce qu'ont prétendu de nombreux journaux, mais ça n'est pas exactement la vérité. Même si certaines scènes atteignent un niveau d'horreur difficilement concevable en 1996, la violence est nettement plus psychologique que physique. Sauf exceptions, les meurtres sont plus suggérés que directement montrés, et la saison est bien plus dure de par son message que de par son visuel. La monstruosité prend forme dans certains endroits privilégiés, comme les peep-show
(La Seconde Venue), les caves (Mauvaises Graines), les routes abandonnées (Le Juge), les boîtes de nuit (Amour Immaculé) , les quartiers désolés (Yaponchik), les cimetières (Parenté Sanglante), et il convient de dénoncer le Mal sans compromis. Vaincre le Mal par le Mal, et non pas exhiber du sang pour tout et n'importe quoi. Certains loners de la saison sont d'ailleurs très peu violents, se comportant comme des enquêtes policières banales, mais possèdant un message de fond des plus appropriés. Ainsi se présentent les épisode Angel, qui joue le registre des sentiments, et Le Pacte, affaire judiciaire passionnante et d'une grande tristesse mais sans meurtre visuel. Quoiqu'il en soit, ces épisodes serial-killers, policiers et maléfiques sont certainement ce qu'il s'est fait de mieux dans ce domaine à ce jour, à mille lieux des slasher movies à la mode ou des séries incipides qui hantent les ondes.
Certains épisodes semi-mythologiques impliquant l'Armageddon font déjà leur apparition dans la première saison. La lutte entre les anges et les démons sur Terre a commencé
(Les Principes de la Domination), et de cruciales catastrophes naturelles se trament pour l'an 2000 (Force Majeure). Mais le monde reste aveugle face aux prédictions qui se réalisent sous nos yeux. Certains épisodes nous en apprennent plus sur le Don et le passé de Frank Black, comme le glauque Le Sacrement, le tendu Les Blessures du Passé, ou l'excellent Les Jumeaux Diaboliques .
Malgré le fait qu'elle soit très bien écrite et qu'elle bénéficie de thèmes plus variés que ce qu'il n'y paraît, la Saison 1 souffre dans certains épisodes d'un effet de répétition : crime, enquête, morale. Certains scenarii font preuve de peu d'imagination
(Mauvaises Graines, Amour Immaculé, La Colombe de Papier), et nous les regardons plus pour le fabuleux travail des acteurs et l'ambiance sensiblement glauque de leur réalisation. Chris Carter détient la palme du meilleur scénariste de la première saison, avec quatre épisodes grandioses, suivi de près par Glen Morgan et James Wong qui signent trois scenarii très performants, et de Chip Johannessen, au travail plus inégal mais qui a le mérite de développer une sorte de mythologie dès ses premiers essais. Il est indéniable que les meilleurs épisodes de la saison se trouvent dans sa deuxième partie (Lamentation, Le Sacrement, Force Majeure, Yaponchik), à l'exception de la déception notable que constitue le peu inspiré season finale (La Colombe de Papier). Entre les sectes meurtrières, les démons apocalyptiques, les expériences médicales illégales et les serial-killers surexcités, Frank a du boulot.
La réalisation globale de la saison est très bonne, un peu inégale parfois : le contrast entre
La Seconde Venue, plus bel épisode jamais réalisé par 1013 Productions, et par exemple Meurtres sans Effractions, banalement mené, est saisissant. Mais le talent des surdoués de la caméra que sont David Nutter et Thomas J. Wright compense largement les rares écarts visuels de cette sublime saison, faisant honneur à l'incroyable performance du casting d'acteurs toujours aussi bien choisi par Chris Carter.
La poésie des citations pour la plupart bibliques de cette saison originelle, est soutenue par une partition de Mark Snow des plus convaincantes : entre beauté mystique, cordes en pleurs et dramaturgie sombre, ces 22 épisodes constituent ce que le musicien a fait de meilleur dans toute sa carrière d'un point de vue mélodique, même si la FOX se complaît à l'ignorer.
Le style glauque et religieux de la saison lui confère une ambiance presque « gothique », dans un cadre pourtant urbain. L'atmosphère à la fois morbide et suintant d'espoir de cette saison en fait la plus fascinante des trois du point de vue symbolique et humain, une merveille.
Au final, la Saison 1 de MillenniuM présente l'apocalypse des valeurs avec un brio inégalé, sur des teintes automnales et des violons mélancoliquement désespérés, en véritable appel au secours d'un personnage de fiction et de son créateur, torturés par ce qu'ils voient autour d'eux chaque seconde. On ne peut pas s'attendre à un happy end pense le Groupe Millennium : après visionnage de cette première saison et considération de sa réalité dans la vraie vie, nous ne pouvons malheureusement qu'adhérer à cette évidence. Entre musée des horreurs et espoir utopique d'un monde plus beau, la magnifique première saison de MillenniuM est certainement le témoignage le plus poignant que la télévision nous ait offert sur un thème que beaucoup préfèrent ignorer : la dégringolade de l'humanité.


The French MillenniuM Database

The French MillenniuM Database, 2002